Jan R. Faust vit et travaille à Oberkirch au coeur de la Forêt-Noire en Allemagne. Né Yannick Demmerle en 1969 à Sarreguemines, il entame une carrière de photographe en 1999 après avoir été diplômé de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg en 1996. Il séjourne en Tasmanie pendant une dizaine d’années. En 1999, il commence à photographier les forêts de la réserve naturelle de Schorfheide à l’extérieur de Berlin près de la frontière polonaise. En 2003, il photographie les cages d’animaux vides dans les zoos européens. Les forêts et les cages sont austères, sans compromis, dépourvues et d’une beauté sombre. En 2001, Yannick effectue sa première visite en Tasmanie en quête des anciennes forêts vierges qui ne se trouvent plus en Europe,  y revenant chaque année passer six mois à faire de la randonnée seul avec son appareil photo. En 2008, il décide de rester le plus longtemps possible en Tasmanie. En 2009 surgit en lui un changement radical d’identité artistique. Il arrête la photographie et change alors de nom. En 2013, l’artiste doit quitter la Tasmanie, il s’installe désormais en Allemagne. Dans une énergie compulsive affranchie et totalement libre de toute école et courant de mode, Jan R. Faust ne se consacre alors plus qu’au dessin, et plus récemment au collage. 

Réagissant face à la violence de notre société, il déclenche son processus créatif en privilégiant une démarche instinctive et immédiate. Ses dessins prennent du temps à se définir. Réalisés à la pointe graphite fine, leurs trais sont si fins, si peu appuyés qu’il faut les scruter de très près : des chimères à tête et à corps de biches, de cerfs et de chevreuils s’entrelacent à de mulltiples formes humaines et naturelles, comme des fœtus, de multiples torses, des sabots fourchus, des viscères, des cordons ombilicaux distordus, des dizaines de pénis éjaculateurs désincarnés, des milliers de feuilles, une mer de fleurs et de mots de Celine ou de Shopenhauer… 

Reflétant la virulence des images qui inondent les médias, ses collages sont tout autant l’expression d’une émotion brute et explosive. Des têtes de mort incorporées à des parties de visages vivants sont auréolées de longs rayons multicolores et pointus, comme d’une couronne d’épines. Ses œuvres sont inspirées de l’art brut et de l’art outsider, notamment des peintures de Marcel Storr et d’Augustin Lesage ; des artistes sans formation et obsessionnels dont l’art apaisait leur folie.